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MEMOIRES ET THESES
Klatt, Marie
2019
J’ai choisi de diriger le sujet de mon mémoire vers la discipline du cirque, et plus précisément dans l’acrobatie circassienne, car c’est un monde où la conscience kinesthésique est très élevée. Il est donc possible d’examiner les corps en mouvement et d’en analyser l’intentionnalité, tout en en discutant avec les acrobates eux.elles-mêmes . C’est ainsi que j’ai pris comme base de données des enregistrements vidéo de l’entraînement et de la répétition de la représentation scénique – ou show, terme utilisé dans le monde du cirque, ainsi que des interviews in formelles lors d’un brunch chez ces mêmes interprètes. Les données ont été rassemblées à la fin de l’année 2017, à Montréal au Québec, Canada, avec deux professionnels de l’acrobatie, V et J, diplômés de l’École nationale de cirque de Montréal (ENC). L’analyse sera concentrée sur la vidéo 23 de l’entraînement, et la vidéo 30 du brunch. Je m’autoriserai cependant quelques extraits des données restantes, si les exemples sont pertinents . Des images illustreront les gestes aussi bien des séquences de l’entraînement que de l’interview. Cette dernière est également entièrement transcrite, en annexe.
Durant le processus de création du mémoire, je me suis retrouvée confrontée à plusieurs difficultés. La première concernait la notion de confiance, difficilement définissable. La seconde résidait dans la distinction entre mouvements interactionnels émergents et mouvements prédéfinis faisant partie du spectacle. Pour pallier ces contraintes, je n’analyserai pas le sentiment de confiance, car celui-ci est cognitif et hors de ma compétence. Je tenterai en revanche de mettre en relief la confiance incarnée ou corporelle, dans une perspective phénoménologique. C’est-à-dire que je tenterai de mettre en évidence les éléments physiques, corporels et concrets, où selon moi, la confiance s’exprime. La question est donc de savoir quels éléments confirment la présence d’une confiance cognitive préalable, et la renforcent dans une perspective future. Je pars du postulat que cette confiance cognitive existe, me basant sur les déclarations des deux acrobates (transcription de la vidéo 30, l.53, 401, 696, 768, 861). Quant à la problématique de la distinction entre émergence et codification scénique, elle a fait l’objet de débats dans les années soixante-dix et a été décrétée non pertinente. Je n’essaierai donc pas de séparer les deux, mais considérerai les deux faces interactionnelles comme un tout, un type de communication spécifique au monde du cirque, et plus généralement peut-être, au monde des arts de la scène.
La question qui m’a poussée à écrire ce mémoire était de savoir comment des figures acrobatiques de main à main aussi complexes étaient possibles. Mon hypothèse intuitive – et confirmée par la suite, notamment par les dires des acrobates – était : la confiance. Je me poserai donc ici les problématiques suivantes : Comment s’exprime la confiance en soi-même et en son.a partenaire dans le main à main circassien ? De quelle manière cette confiance se manifeste-t-elle dans le corps et les paroles des artistes de cirque ?
Pour répondre à ces questions, je commencerai par poser les bases de mon analyse dans l’état de recherche avec un éclaircissement sur le sens des mots « cirque » et « confiance ». Les autres paramètres soutenant mon hypothèse et répondant à ma problématique seront explicités dans les parties correspondantes, suivis des exemples concrets, tirés de mes don nées. Pour mettre en lumière l’expression corporelle et verbale de la confiance dans l’entraînement de main à main et dans le monde circassien, je présenterai tout d’abord l’intercorporéité et les concepts qui lui sont reliés, puis l’intentionnalité kinesthésique. J’entrerai ensuite plus en détails dans la synchronisation et la résonance, avant d’exposer le cas de la rupture ou confirmation de confiance à l’aide de l’exemple de la chute.
J’ai choisi de diriger le sujet de mon mémoire vers la discipline du cirque, et plus précisément dans l’acrobatie circassienne, car c’est un monde où la conscience kinesthésique est très élevée. Il est donc possible d’examiner les corps en mouvement et d’en analyser l’intentionnalité, tout en en discutant avec les acrobates eux.elles-mêmes . C’est ainsi que j’ai pris comme base de données des enregistrements vidéo de l’entraînement et de la ...