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« Tu viens d’où ? »
C'est une question – a priori simple – que nous avons tendance à poser lors d’une première rencontre. Une question qui constitue le fondement de notre compréhension des identités géographiques, politiques, historiques, écono miques, linguistiques, émotionnelles et expressives de la personne qui se trouve en face de nous. Une question dont la réponse, pourtant, sera probablement interprétée de manière subjective. Une question qui encadre une opinion préconçue vis-à-vis de notre interlocuteur. Une question dont la réponse, pourtant, force notre interlocuteur à rendre des comptes et, ainsi, à se placer au-delà de la communauté.

Une question a priori simple, qui se trouve être implicitement une affirmation.
Réunies, toutes ces pensées formaient les premiers maillons entre «lieu et identité », fil rouge du séminaire FRESH STREET#3 mi nutieusement exploré à travers débats, visites immersives et présentations artistiques. Face à un monde plus polarisé que jamais, où inégalités et nationalismes racialisés progressent partout, il est difficile aujourd'hui de ne pas se demander comment les arts de la rue vont pouvoir jouer leur rôle – historique et essentiel – en transmettant des messages d’espoir et en encourageant de nouvelles connexions humaines ? Qu’on s’en réjouisse ou non, l’identité pourrait bien se retrouver au centre de la vie politique de demain. Durant ces trois jours, nous nous sommes résolus à échanger sur la façon dont les identités pouvaient transformer les lieux, mais aussi comment ces lieux pouvaient façonner les identités.

Comme l’a déclaré le président irlandais Michael D. Higgins lors de son discours d’ouverture de FRESH STREET#3, «Définir les arts en tant que constituant glorieux d’une communauté vivante et bâtir un meitheal (terme gaélique désignant un soutien mutuel et réciproque) entre les artistes et le public, c’est contribuer à une société dans laquelle chaque personne se sent accueillie, autorisée à y prendre part».

Le besoin d’exister. Le besoin de savoir qui nous sommes. Le besoin d’être reconnu. Le besoin d’avoir une idée claire de notre opinion et de ce qui l’a façonnée. Le besoin de connaître nos origines et nos racines. Le besoin de comprendre nos voisins et ce qu’ils vivent. Le besoin de nous connecter et de tisser des liens entre les territoires. Le besoin de comprendre le passé et de le re lier au présent. Le besoin, pour l’art, de s’identifier, d’exprimer, de traduire, de faire digression. Le besoin d’expression publique et d’expérience collective. Le besoin, pour les arts de la rue, de révolutionner, de modifier et de transformer notre notion de l’espace et notre place. Le besoin, pour l’art, de démocratiser.